Bois d’olivier de Palestine, une histoire de vivre ensemble !
Compte-rendu de visite Automne 2022, par Kyra Paulig
El Puente a visité Bethlehem et Beit Sahour fin octobre 2022. Les artisans de nos partenaires Holyland Handicraft Cooperative Society et Bethlehem Fair Trade Association y ont leurs ateliers d’artisanat depuis des décennies. Ils y travaillent essentiellement le bois d’olivier.
Une matière première locale : le bois d’olivier
En Palestine, les oliviers se trouvent surtout dans le sud, mais les arbres noueux sont aussi présents dans les jardins de Bethléem. Cette année est une bonne année pour la récolte d'olives. Tous les deux ans, les arbres produisent une grande quantité d'olives qui sont conservées ou transformées en huile. Après la récolte, les arbres sont taillés pour favoriser les nouvelles pousses et ainsi garantir les futures récoltes. Les branches coupées sèchent pendant deux ans avant de pouvoir être utilisées pour créer des objets d'art, petits ou grands. La veinure particulière du bois d'olivier et le travail manuel complexe de sculpture et de polissage font de ces produits des pièces uniques.
Avec l’épidémie du Covid19, le coût du bois a doublé. Pendant le confinement, de nombreux arbres n'ont pas été taillés comme d'habitude et les artisans ont acheté beaucoup moins de bois en réserve en raison de la fermeture des ateliers. Cela se répercute maintenant sur les prix et il est difficile de trouver du bois d'olivier de bonne qualité.
Une artisane de Beit Sahour, le village du « Champ des bergers » à côté de Bethlehem.
Maha Alyatim travaille depuis 8 ans dans cet atelier.
A Beit Sahour, arabes chrétiens et musulmans se cotoient au quotidien.
Depuis des générations, ce sont surtout les artisans chrétiens qui travaillent le bois d'olivier à Beit Sahour. Depuis des décennies, des figurines, des crèches, des objets de décoration et même des ustensiles de cuisine en bois d'olivier sont vendus principalement dans les boutiques de souvenirs de Bethléem et de Jérusalem. Le nombre de touristes venant à Bethlehem a fortement baissé depuis 20 ans et les artisans ont dû rechercher de nouveaux débouchés directement à l’export. La situation s’est agravée avec la pandémie du Covid19 et des ateliers ont fermés. Heureusement, la situation a été plus favorable pour nos artisans. Un des principes du commerce équitable est d’établir des partenariats à long terme et nous sommes solidaires en période de crise. Ainsi, les commandes ont pu être maintenues pour faire tourner les ateliers et procurer des revenus aux artisans. Néanmoins, durant cette période, de nombreux artisans de Beit Sahour ont cherché un emploi plus sûr et travaillent depuis lors le plus souvent en Israël dans le secteur du bâtiment. Le fait de gagner beaucoup plus leur permet de rester chez eux et de ne pas prendre le chemin de l’émigration en Europe du Nord ou au Canada.
Rimon et Elias Sway fabriquent nos portes-savons en bois d‘olivier.
Khalaf Hamdan sculpte le bois d’olivier et y apporte un détail méticuleux.
Atalleh et sa femme Frau Nawal Gharib viennent de rénover leur atelier.
L'artisanat de Beit Sahour continue néanmoins de vivre. La plupart des ateliers sont des entreprises familiales. Deux ou trois générations y travaillent ensemble. Comme il n'y a pas de retraite en Palestine, nous rencontrons aussi beaucoup d'artisans âgés. Les jeunes en profitent. Ils apprennent le métier et ses ficelles tout en introduisant dans les ateliers les nouvelles technologies du monde digital.
Une nouvelle génération d’artisans se lève!
Les frères Faris (25 ans, à gauche) et Elias (27 ans, à droite) Gharib ont appris très tôt le travail de sculpteur avec leur père, qui a fondé l'atelier. Mais ils n'ont jamais voulu travailler de manière permanente dans ce métier. Après le décès tragique de leur père l'année dernière à la suite d'une infection corona, les frères ont décidé de poursuivre l'artisanat et de quitter leur emploi dans un restaurant. Depuis, ils forment une équipe soudée et motivée. Ce sont de véritables créateurs : par leur créativité et leur inspiration, ils montrent leur originalité et s'affirment face à des ateliers d'art établis de longue date.
Faris et Elias fabriquent des petites crèches et des objets déco à suspendre. Ils développent des tampons avec les motifs qu'ils impriment ensuite sur de fines plaques de bois. Après une première découpe, ils collent deux plaquettes de bois ensemble avec de la colle chaude, ce qui leur permet de gagner du temps lors de la découpe et d'enlever ensuite facilement la colle. Avec leurs mains expertes, les motifs filigranes sont découpés avec la fine lame d'une scie électrique. Ici, chaque mouvement est parfait. Pour les motifs particulièrement filigranes, Faris et Elias possèdent également une machine laser. Grâce au soutien du commerce équitable, Ils ont rénové l’atelier, installé des nouvelles fenêtres et réparé le toit pour plus de sécurité.
"Nous souhaitons évoluer et faire progresser notre travail d'artiste. Au début, nous n'étions pas sûrs de vouloir vraiment faire ce travail. Mais maintenant, nous voulons poursuivre l'héritage de notre père et nous mettons toute notre énergie dans l'amélioration des processus de travail et le développement de nouveaux designs", nous dit Elias Gharib lors de notre visite.
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